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Que peut-on attendre d’une plateforme de participation en ligne


une femme regarde une horloge et se pose des questions sur la participation en ligne

En tant que boîte tech, nous sommes profondément convaincus de la pertinence de proposer des outils numériques aux acteurs publics et du fait que si ces derniers ne s’emparent pas de ces outils de participation pour moderniser leurs pratiques et leur gouvernance, il ne leur restera bientôt plus que leurs yeux pour pleurer, tout en accusant les GAFA et les réseaux sociaux d’amener la démocratie et le service public au tombeau. Mais après 5 années d’expérience, nous sommes aussi bien placés pour constater que ces outils peuvent être utilisés à contre-emploi de leur ambition modernisatrice ou que des espoirs infondés suscitent de la déception chez leurs utilisateurs.


C’est pourquoi nous tentons ici de dresser un panorama des principaux bénéfices d’une plateforme participative telle que la nôtre mais aussi de mettre en évidence ce qui relève de la surpromesse.


C’est à partir de combien exactement une “participation massive” ?


Excellente question qui nécessite d’une part de s’attarder un peu sur les chiffres de participation standards et d’autre part de tenter quelques points de comparaison pertinents.

Type de projet et échelle

Moyenne observée

% population

Borne haute

% population

Consultation nationale (projet de loi)

1.000 <> 50.000

0,0015% <> 0,075%

500.000

0,75%

Appel à projets national

140.000

0,2%

Consultation régionale

500 <> 30.000

0,01% <> 0,5 %

100 000

1,5%

Budget participatif communal

2,5%

8%

Consultation locale

(plan climat, rythmes scolaires…)

200 <> 500

1 000

1,5%


Nous précisons ici que ces chiffres sont tirés des plateformes Cap Collectif, sur lesquelles un participant correspond réellement à un compte créé, à partir d’une adresse email vérifiée et qui a réalisé au moins une action sur la plateforme (voter, commenter, argumenter, proposer ou amender).

Les observateurs les trouvent habituellement très faibles. Les praticiens de la concertation, plus habitués à de faibles audiences, mesurent un peu plus en quoi la capacité à toucher jusqu’à 8% des habitants de son territoire représente un succès notoire.

Comparaison n’est pas raison…. mais quand même. Tout dépend de notre capacité à rapporter ces chiffres non pas à la population totale mais aux pratiques politiques actuelles marquées par une défiance extrême.

Nombre de participants sélectionnés pour la Convention Citoyenne pour le climat

150

Echantillon habituel d’un sondage politique

1.000

Nombre de personnes inscrites au registre des lobbys et associés à l’élaboration des lois

2.000

Nombre de participants aux consultations nationales

1.000 <> 500.000

Nombre de militants politiques

200.000 <> 1 million

Nombre de signataires de la pétition “affaire du siècle”

2 millions

Nombre de bénévoles en France

12,5 millions

Nombre de français qui déclarent s’intéresser à la vie politique

24 millions

Nombre de votants aux élections municipales

30 millions


Comment analyser ces chiffres ?


Nous aimerions beaucoup développer, tel un chroniqueur télé, un point de vue très affirmé mais nous nous contenterons ici d’un timide commentaire : “nous sommes au milieu du gué”.

2 000 personnes sont inscrites au registre des lobbys de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique quand 2 millions de personnes ont signé la pétition en ligne de recours contre l’Etat français au motif de son inaction climatique. En se fondant sur des consultations gouvernementales classiques entre 20 et 40.000 participants (hors Grand Débat National et ses 500.000 participants), on arrive donc à cet entre-deux : 10 fois plus de personnes que celles et ceux qui sont consultés habituellement pour élaborer les lois, 100 fois moins nombreux qu’une mobilisation en ligne d’opposition.

Au milieu du gué, c’est aussi un rappel que ces consultations restent un phénomène relativement nouveau : nous avons de bonnes raisons de croire que ces chiffres vont continuer à croître avec le temps. Certains chercheurs ont fixé un horizon indépassable de 1% de la population participant aux consultations organisées à leur intention : nous aimerions beaucoup leur donner tort sur la durée et les amener à réévaluer à la hausse leurs pronostics.

Au milieu du gué, c’est enfin le regret permanent de voir que peu d’acteurs publics capitalisent sur les bases de données qu’ils constituent à travers leurs consultations, repartant souvent de zéro avec des nouveaux projets ou de nouvelles plateformes, lançant et relançant de fastidieuses et coûteuses campagnes de communication pour inciter les gens à participer à nouveau.


Participer plus mais aussi participer mieux


En conclusion, la participation massive n’est pas un objectif en soi et le volume de contributions ne présage rien de leur qualité et encore moins de l’impact final de la consultation. En revanche, elle nous apparaît aujourd’hui comme un élément absolument nécessaire de crédibilisation des démarches participatives. C’est tout le paradoxe des consultations en ligne : il faut à la fois accorder la plus grande attention aux chiffres de participation… et s’en détacher !

C’est l’objet du groupe de travail initié avec nos collectivités territoriales clientes sur le droit de suite, afin de ne pas limiter la promesse de la civitech à participer plus mais aussi à participer mieux.



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