Vincent Chanron, vice-président en charge de la Transformation & Développement durable chez DAHER, nous a fait le plaisir d’être le premier invité pour parler de la démarche de participation collaborative qui a été mise en place dans son entreprise. Régulièrement, nous mettrons en valeur un cas d’usage spécifique de la plateforme en discutant avec celui ou celle qui se trouve à l’origine de sa mise en place.
DAHER est une structure relativement méconnue. C’est une entreprise familiale française qui existe depuis plus de 150 ans — « start-up depuis 150 ans » précise même Vincent —, qui fabrique des petits avions d’affaires et qui travaille avec l’industrie aéronautique en lui fournissant notamment des trappes, des empenages ou des voilures d’avions. DAHER est venue à la participation assez naturellement, car l’entreprise porte en elle des convictions (que nous partageons évidemment) : celle de la nécessité de placer l’humain au centre du jeu.
L’entretien en bref :
L’intelligence collective ?
Un de nos slogans c’est : « L’intelligence n’est pas artificielle » parce que nous sommes convaincus que notre valeur ajoutée dans le monde industriel pour les années à venir, c’est de miser sur l’intelligence humaine. Le corrolaire de ça, c’est de se l’appliquer pour l’ensemble des décisions — notamment pour les sujets qu’on peut aborder de manière participative et collaborative.
Le budget participatif ?
Nous avions déjà entrepris des démarches participatives, notamment d’idéation, mais qui n’étaient pas structurées. Le budget participatif, dans les collectivités, est relativement médiatisé ces dernières années et ont éveillé un intérêt de notre part : nous nous sommes dit qu’il y avait sans doute des parallèles à faire dans l’entreprise. Donc nous avons réussi à construire le bon modèle avec Cap Collectif en trouvant des sujets de budget participatif en entreprise qui soient proches de préoccupations citoyennes et des thèmes qui soient proches de la vie du collaborateur en entreprise.
Les défis ?
Les points les plus difficiles, car ils ne sont pas innés dans le monde de l’entreprise, c’est la transparence — la transparence complète du processus — et la problématique managériale du « je vais quand même garder un droit de véto à la fin du projet ? ». Il a fallu expliquer. C’est la raison pour laquelle on a commencé par des petits périmètres, pour démontrer que ça peut également marcher en entreprise.
Les surprises ?
J’avais une crainte au départ pour laquelle Cap Collectif m’avait convaincu à raison — et qui a constitué une bonne surprise — c’est qu’il y a eu exclusivement des propositions constructives, avec zéro pourcent de modération, ni sur les propositions ni sur les votes. Surpris aussi par les propositions : d’un côté positif, avec des propositions sur la qualité de vie au travail, pour créer des liens entre les collaborateurs, et également pour améliorer l’empreinte environnementale de l’entreprise. Côté décevant : des propositions qui manquaient parfois d’ambition, sans doute parce que les gens ne savaient pas exactement jusqu’où ils pouvaient aller.
Une première évaluation ?
Globalement positif. De la curiosité. Un dispositif qui suscite d’autres propositions au sein de l’entreprise, en dehors des circuits classiques de validation, et permet de générer de l’empowerment. On verra au déploiement des projets s’il y a une appétence pour aller plus loin.
L’adhésion du management ?
Pour être honnête c’est encore vu et vécu comme un gadget, mais je sens que les mentalités commencent à changer, avec un questionnement sur les démarches collaboratives et sur l’opportunité de les utiliser sur d’autres périmètres : nous avons d’ailleurs écrit dans notre stratégie de RSE que nous souhaitions aller vers plus de participatif et de collaboratif. C’est grâce à ce test que nous avons effectué sur le budget participatif qu’on a pu inscrire cet objectif comme l’un des objectifs en soi de l’entreprise.
Encore ?
Oui. Il y a un soutien du management et une volonté de l’ensemble des collaborateurs. On parle déjà pour l’année prochaine de consultations, d’appels à projets pour des POC d’innovation et de boîtes à idées.
Ces articles peuvent aussi vous intéresser :