La ville de Paray-Vieille-Poste dans l'Essonne en est déjà à sa seconde édition de son budget participatif.
Nous avons souhaité avoir un retour d'expérience de la part d'Aurélien Mortagne : directeur de la communication de la ville sur la 1er édition, ce qu'ils ont appris, ce qu'ils vont changer et comment cette première édition du budget participatif façonne la seconde.
Une interview qui aide à mieux comprendre les rouages et les subtilités d'un budget participatif du point de vue de l'organisateur.
Comment avez-vous mobilisé les habitants ? Quels ont été les leviers de communication les plus efficaces selon vous ?
"Nous avons essayé d’attirer l'œil des habitants, en étant le plus visuel possible.
Pour notre campagne de communication du budget participatif, nous tenions à faire un clin d’œil à l’aéroport d’Orly qui occupe une partie du territoire. Naturellement, le choix de notre slogan de campagne s’est orienté vers : “Donnez des ailes à vos projets”, porté par un avion sur le logo. Très vite, l’initiative s’est fait repérer sur les réseaux sociaux.
Nous étions parfaitement conscients qu’une campagne autour d’un budget participatif en ligne devrait également vivre dans les rues. Nous avons donc lancé une campagne print d’envergure et disposé de grandes bâches sur les lieux passants de la ville, pour soutenir le dispositif. Ces actions de communication ont été mises en place en amont du budget participatif afin d'attirer au maximum la curiosité des habitants.
Au lancement du projet, une nouvelle campagne d’affichage a été diffusée, soutenue sur les réseaux sociaux à hauteur d’une publication par semaine sur les comptes de la ville. L’application mobile, le site internet et le magazine de la ville ont été également sollicités pour permettre aux habitants de retrouver toutes les informations nécessaires à la participation."
En tout et pour tout, la communication a été lancée 2 mois avant l’ouverture de l’étape de dépôt du budget participatif en ligne, à un moment où nous n’avions pas encore cadré le projet.
Avez eu des premiers retours des citoyens qui voyaient le "teasing" du budget participatif ?
"La plupart des réactions ont été : “c’est bien, c’est cool qu’il y ait une initiative comme ça, mais combien on aura de budget ?”
Les grosses questions, elles ont été la dessus, moins sur le fonctionnement du budget participatif citoyen. Les habitants étaient plus inquiets de se dire : ”Est-ce que je vais avoir suffisamment d’argent pour pouvoir proposer un projet intéressant ?"
On s’attendait à avoir plus de réactions à ce moment-là, durant le teasing et ce n’est pas là où on en a eu le plus."
Comment la démarche a-t-elle été reçue dans les services ?
"Bien. Avec de l'appréhension au début certes, mais bien.
D’une part, nous avons communiqué assez vite avec les directeurs et les responsables de service mais aussi auprès de tous les agents parce qu’il y a, à la fois les porteurs de projet qui risquent de les solliciter et surtout il y a un autre aspect, c’est que sur Paray-Vieille-Poste, en tant que petite ville, nous avons une proportion d’agents habitant la ville assez nombreuse. Donc l’idée c’était aussi de les solliciter en tant que contributeur ainsi que leur famille.
Et surtout, le budget participatif vient se glisser dans un planning de collectivité qui est déjà serré. Les premières réactions furent "Ça va nous donner des missions en plus, on va nous demander de réaliser ça dans l’année, car le budget est voté et la réalisation du projet doit être faite la même année.”
Il y a également eu la crainte de se dire : “attention, certains projets vont être transverses donc comment on va pouvoir travailler les uns avec les autres finalement dans l’urgence car cela vient bousculer le planning et qui va faire quoi ?”
Finalement, le dépôt des projets nous a aidé. Nous nous sommes aperçu que la grande majorité des projets déposés allaient surtout vers un seul service (le service technique) et que la transversalité ne se retrouvait pas autant car les projets étaient bien cadrés et bien définis.
On a mis en place un jury de recevabilité ou, au fil de l’eau, quand les projets arrivaient, le jury commençait déjà à statuer sur est-ce que ce projet est recevable ou non.
Au final, le DST et les agents étaient ravis, car ça leur change de leur quotidien. Ce sont des idées que nous n’aurions pas forcément eu.
Au tout début, il a fallu bien tout expliquer, bien recadrer parce qu’il y avait une petite appréhension, et quand c’est un projet d'habitant, on se demande parfois s'ils ne vont pas aller plus loin, est-ce qu’on ne va pas créer de la frustration."
Vous avez dit tout à l’heure que, avant même la phase d’analyse des projets, les services regardaient déjà ce qui était réalisable.
"C’est justement Cap Collectif qui nous a dit :”Attention, vu que vos délais sont assez courts, si vous avez beaucoup de projets, le délai d’analyse de 2 jours que vous avez mis ne sera pas suffisant pour analyser toutes les propositions.”
C’est donc pour cette raison que nous regardions les projets lorsqu’ils arrivaient.
Cela permet aussi d’avoir de la réactivité et de limiter la frustration des porteurs de projet. Il nous est arrivé de prévenir les porteurs de projet ayant des idées trop importantes en leur disant : “Attention, votre projet peut rentrer dans le cadre mais tel quel, il ne sera pas dans les clous. Donc vous pouvez le modifier avant la fin de l’étape de dépôt pour qu’il soit conforme et si vous le souhaitez, on peut vous mettre en relation avec un technicien de la ville qui pourra vous aider” Et nous avons quelques projets qui, comme ça, ont été repris."
Qu’est-ce que l’organisation de cette première édition de budget participatif en ligne vous a appris ?
"C’est encore un peu tôt pour répondre car le bilan, on est en plein dedans. J’ai d'ailleurs sollicité Agathe de Cap Collectif à ce sujet.
Nous avons néanmoins fait une introspection régulièrement, nous avons une élue qui est très impliquée dans cette démarche de démocratie participative et qui a l’esprit très critique.
Nous aurions sûrement dû mettre en place des réunions publiques, ce genre de choses pour parler avec les gens et peut-être même les aider à déposer leurs projets.
Nous avons eu le regret de constater que la plupart des projets se concentrent dans une zone ce qui a laissé une bonne partie de la commune sans projet.
Nous devons encore faire un bilan avec les citoyens afin d’avoir leurs retours pour améliorer nos démarches."
Vous avez dit que les projets étaient très localisés. Est-ce que vous avez essayé l’application de carte interactive ?
"Nous avons longtemps hésité mais comme notre ville n’est pas très très étendue, et n’est pas très sectorisée en quartier non plus, nous n’avons pas retenu cette modalité de dépôt. Peut-être que nous aurions dû la privilégier pour notre plateforme de budget participatif.
C’est sûr, et même certain que si les citoyens avaient vu que les projets se concentrent sur l'extrême nord de la ville, ils auraient proposé des projets dans un autre secteur."
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